Il est au coin de la rue, sa devanture brille jusqu’à tard dans la nuit, dimanches compris. On y passe quand des amis débarquent et qu’on se retrouve à court de vin ou de cacahuètes. C’est notre arabe. Il est parfois pakistanais ou chinois, mais cela ne change rien. C’est juste un sage qui passe sa journée à nous observer depuis le seuil de sa porte. Chez lui on croise tout le monde. Et lorsqu’on prend le temps de l’écouter, il nous raconte comment son destin s’est joué entre ici et là-bas.
« J’ai le vice de la vitrine dans le sang, je ne peux pas m’empêcher de vouloir faire de jolies présentations. Ça, c’est celle d’hiver, j’essaye de changer avec la météo, explique-t-il en faisant ensuite défiler les quatre saisons sur son téléphone portable. Je vais à Rungis et j’achète ce qui m’inspire pour décorer, c’est important de bien présenter, pour l’arabe du coin », sourit Lahoussine Abalhaoune, 47 ans, dont vingt et un à la tête de son épicerie.