Depuis plus de 20 ans, Camille et Manolo s’attachent, à travers le théâtre du Centaure, à casser les murs, à effacer les frontières, à retisser du lien social. Nous sommes allé à la rencontre de ces artistes utopistes qui réenchantent Marseille. Aux portes du Parc National des Calanques, à deux pas de la prison des Baumettes et de la cité de la Cayolle, dans l’un des quartiers les plus contrastés et les plus mouvants de la cité phocéenne, vivent « les Centaures ». De bien étranges créatures, mi-hommes mi-chevaux, tout droit sorties du monde des mythes.
Acteurs, danseurs, princes et saltimbanques, ce sont Camille et Manolo qui les ont inventés et qui leur donnent vie, jour après jour. « La première fois que j’ai croisé les Centaures, ils franchissaient la porte de la prison des Baumettes pour aller danser avec des détenus, de l’autre côté du mur mythique » raconte la réalisatrice Marie-Claude Treglia. « C’étaient Camille et Manolo et leurs deux sublimes étalons noirs, Silence et Indra. Camille-Silence, Manolo-Indra… La scène a fait frissonner d’émotion les détenus, le personnel pénitentiaire, les voisins du quartier et tous les spectateurs qui l’ont vécue sur leurs écrans. » Et de s’interroger : « Comment en arrive-t-on à ce moment de grâce ? A ce niveau de dressage, à cette osmose avec l’animal, mais surtout comment fait-on pour pousser les murs d’une prison aussi close que les Baumettes ? Comment trouve-t-on des partenaires assez fous, eux aussi, et déterminés pour relever le défi ? ».
La caméra filme les Centaures, elle les montre à l’œuvre, cassant les murs d’enceinte, effaçant les frontières, retissant du lien social. Et les suit au bout du monde où ils font rayonner Marseille comme on la montre rarement.