Edgar Feuchtwanger a vécu dix ans en face de chez Hitler, de 6 à 16 ans, de 1929 à 1939. Il habitait dans un immeuble bourgeois de Munich. Hitler vivait de l’autre côté de l’avenue. Depuis la chambre d’Edgar, on voyait les fenêtres du Führer, au deuxième étage. Pendant dix ans, Edgar a assisté à la montée du nazisme. Ce n’est pas tout. Edgar était juif. Edgar n’a quitté l’Allemagne qu’en 1939, deux mois avant l’invasion de la Pologne et la déclaration de guerre de la France et de la Grande-Bretagne. Juste à temps.
À 87 ans, pour la première fois, il revient sur les traces de son enfance à Munich, et nous raconte à travers son regard d’enfant, cahiers d’écolier à l’appui, la montée du nazisme dans la ville la plus hitlérienne d’Allemagne, et l’impuissance avec laquelle la bourgeoisie intellectuelle juive munichoise a assisté au resserrement de l’étau. Il s’agit d’une approche historique nouvelle de cette période d’avant-guerre, à travers une sorte de chronique sociale d’une « bourgade de province »…