Le procès Eichmann marque un véritable tournant dans l’émergence de la mémoire du génocide des Juifs, en Israël, en Allemagne et aux États-Unis. C’est le premier grand récit à portée transnationale qui construit le génocide des Juifs en évènement distinct dans la Seconde Guerre mondiale. Il a é té voulu comme tel par ceux qui l’organisèrent à Jérusalem. Le Premier ministre israélien Ben Gourion évoqua à son propos un « Nuremberg du peuple juif ». Il marque aussi l’avènement du témoin. L’histoire est désormais racontée par ceux qui en furent les victimes. La perception du « moment procès » comme tournant fait partie aujourd’hui du savoir commun sur la construction de la mémoire du génocide.